Parlons sexologie

Sexualité. Société.
Santé mentale et physique

« Mon amour, j’ai besoin de ton soutien »

Par Kanica Saphan

Nous sommes généralement d’accord pour dire que mentir, c’est mal.

Pourtant, plusieurs d’entre nous sont coupables du mensonge bienveillant suivant : « Je vais bien, ne t’inquiète pas pour moi, il n’y a rien. »

Armés de toutes les bonnes intentions du monde, nous savons que notre partenaire est en train de vivre une situation personnelle et nous ne voulons pas lui ajouter un fardeau.

C’est un mensonge soi-disant bienveillant. Nous jugeons notre besoin de soutien comme étant moins important.

Analyse de cas:

Fred est dans une passe stressante au travail et il ressent beaucoup de pression à performer. Fatima a récemment eu des problèmes de santé qui ont influencé son poids et qui ont fait ressortir des vieux complexes entourant son image corporelle, un thème récurrent qu’elle a longtemps eu du mal à se départir.

Noyé par le stress et la fatigue, Fred s’est physiquement distancé de Fatima et a eu moins envie de faire l’amour, exactement au moment où Fatima aurait eu besoin de son attention. Étant plus soucieuse de son corps, elle a du mal à aller vers Fred pour lui faire part de ce qui la tracasse. Inversement, Fred se retient de lui parler de son emploi car il sait qu’elle travaille sur ses propres enjeux.

Les deux savent exactement ce qui se passe chez l’autre, mais ils sont réticents à dire à l’autre ce qu’ils aimeraient : du soutien.

Ne voulant pas ajouter un fardeau à leur douce moitié, ils diminuent leur réalité individuelle, s’effacent et disent : « oh t’inquiète, je vais bien. »

Sauf que quand nous souffrons, c’est exactement à ces moments-là que nous avons besoin du soutien de notre partenaire. Un des rôles essentiels d’une relation significative ne peut être rempli si nous dissimulons nos besoins. On pense être gentil en faisant ainsi, mais n’oubliez pas que votre partenaire veut vous aider et rejeter cette compassion peut être blessant et néfaste.

Même si ça semble égoïste sur le moment, s’ouvrir et partager nos besoins vis-à-vis notre partenaire est plutôt bienveillant envers notre relation, lorsque vous y pensez.

Certaines personnes ont énormément de difficulté à exprimer leurs besoins. En sachant que tous les humains ont des besoins, il est alors intéressant de poser la question : qui dans la vie de cette personne n’a pas pu répondre adéquatement à ces besoins légitimes?

Nous vivons dans un monde interrelié et interdépendant, et nous n’avons pas évolué à être une espèce où chaque individu peut combler individuellement ses besoins. Sinon, la solitude et l’isolement social n’auraient pas tant d’effets négatifs sur la santé mentale et physique des gens au point d’être un facteur de risque pour la mortalité prématurée.

Une des premières idées à intégrer est : nous avons tous des besoins émotifs que nous ne pouvons combler à nous seuls.

Qu’arrive-t-il aux gens qui n’arrivent pas à tendre la main pour dire « Hey. J’ai besoin de toi »?

Qu’est-ce que ça dit sur eux, et surtout, quelles sont les répercussions sur leurs relations intimes?

Vienna Pharaon

If you reject expressing needs to a partner, you may want to consider your belief systems around having needs, and the beliefs you hold around allowing another human to offer you relief.

Holt-Lunstad, J., Smith, T. B., Baker, M., Harris, T., & Stephenson, D. (2015). Loneliness and Social Isolation as Risk Factors for Mortality: A Meta-Analytic Review. Perspectives on Psychological Science, 10(2), 227–237. https://doi.org/10.1177/1745691614568352

White, M.K. (2020, septembre/octobre). Let Your Partner Be There for You. Psychology Today, 38.