Parlons sexologie

Sexualité. Société.
Santé mentale et physique

Comment faire pour optimiser votre thérapie

Par Kanica Saphan

Il existe autant de thérapies que de thérapeutes, et commencer ce processus peut être mélangeant.

À travers ce texte, nous utilisons le mot thérapeute pour désigner l’ensemble des professionnel.les en santé mentale et en relations humaines.

Consulter est un moyen efficace pour mieux se connaître, apprendre à gérer ses émotions et améliorer ses relations mais constitue un investissement considérable de temps, d’argent et d’énergie émotionnelle.

Une thérapie est une expérience collaborative entre vous et votre thérapeute, donc voici quelques astuces pour que cette expérience soit la plus bénéfique possible.

Choisir la bonne sexologue

Une thérapie n’est pas un cadre statique et rigide qu’on applique à tout le monde de la même manière. Il faut avoir un bon fit entre vous et la professionnelle pour établir une relation de travail efficace. Certaines personnes veulent une structure tandis que d’autres non. Certaines personnes aiment avoir du feedback fréquent de la sexologue tandis que d’autres préfèrent avoir un espace pour réfléchir à voix haute sans trop d’interventions de la thérapeute. Ou alors, certaines personnes présentent un problème que la professionnelle n’est pas qualifiée ou comfortable d’aborder. C’est pourquoi il est important de trouver une sexologue qui est qualifiée pour votre problématique en plus d’être une personne avec qui vous cliquez.

Pour en savoir plus sur l’expertise sexologique ainsi que les motifs de consultation pour une sexologue, jetez un coup d’oeil ici.

Soyez ouvert.e et honnête

Parfois en séance, les gens sont réticents à s’ouvrir et à partager des détails pertinents. Sans dire qu’on veut vous arracher les informations du nez (après tout, on est là pour aller à votre rythme), certaines choses sont importantes pour nous à savoir si on veut faire le portrait global de la situation, et en fin de compte mieux vous aider. C’est pourquoi il est important de bien choisir sa sexologue : vous voulez consulter quelqu’un avec qui vous avez développé une relation de confiance. Sauf si la vie de quelqu’un est en danger, tout ce que vous dites en séance est confidentiel. Ne pas divulguer certaines informations pourrait empêcher votre sexologue de faire des liens importants qui, au final, vous aideront.

Nous ne sommes pas là pour vous juger et il n’y a rien que vous puissiez nous dire qui va nous choquer ou nous surprendre.

Clarifiez ce que vous venez chercher en thérapie : des séances ponctuelles ou un suivi régulier?

Il existe deux façons d’utiliser les services d’une thérapeute : de manière ponctuelle ou de manière régulière.

Les séances ponctuelles vous permettent de ventiler auprès d’une professionnelle neutre et externe et vous permettent d’avoir un soutien émotionnel concernant une situation spécifique.

Les séances ponctuelles sont pour vous si vous cherchez principalement un espace où vous déposez pendant une heure en présence d’une oreille empathique et impartiale.

Un suivi régulier est indiqué pour les personnes qui ont des objectifs en tête : passer à travers une rupture, comprendre sa perte de désir sexuel, améliorer la gestion des conflits, mieux gérer ses émotions, etc.

Les données montrent qu’il faut environ 15 à 20 séances hebdomadaires pour améliorer plusieurs situations, mais bien sûr ceci dépend du type de thérapie, de vos caractéristiques particulières et de votre histoire, de la complexité du cas, de votre implication et de beaucoup d’autres facteurs. Pour une thérapie de couple, 10 à 20 séances sont généralement nécessaires.

Le plus important à retenir est la consistance du suivi si vous voulez atteindre un objectif. Quand les séances sont trop espacées ou quand les gens manquent régulièrement leurs rendez-vous, l’apprentissage est interrompu et le momentum est perturbé. Le cerveau étant ce qu’il est, durant ces moments, il est facile pour les gens de retomber dans leurs vieilles pantoufles, et l’efficacité du suivi diminue.

Un suivi régulier est pour vous si vous cherchez à travailler sur un problème spécifique et si vous avez un objectif en tête.

Souvent, les gens ne retiennent pas ou ne profitent pas des bénéfices du suivi si l’apprentissage et l’introspection ne sont pas renforcés dans les meilleurs délais.

Entre des séances ponctuelles ou un suivi régulier, ni l’un ou l’autre est intrinsèquement meilleur : il s’agit de choisir le cadre qui vous convient. Certaines personnes se sentent soulagées après seulement une séance, et la plupart des gens retirent un bénéfice après plusieurs séances surtout s’ils travaillent sur une problématique bien définie et s’ils n’ont pas attendu trop longtemps avant de consulter.

Prenez des notes

OH! Notre conseil préféré.

Profitez de ce prétexte pour vous acheter un beau carnet. Un carnet stylé que vous trouvez classe, joyeux ou inspirant. Un carnet qui vous donne le goût de l’ouvrir et d’écrire. Un carnet qui représente l’investissement que vous faites dans votre santé mentale, votre santé émotionnelle et votre santé relationnelle.

Un carnet à 1$ fonctionne aussi très bien !

Notre point est : gardez des traces de vos pensées et de vos progrès. Vous pourrez prendre des notes durant les séances, faire vos devoirs ou alors écrire des pensées qui vous viennent en tête durant la semaine et que vous jugez pertinentes à aborder lors de la prochaine rencontre.

Pratiquez ce que vous apprenez

Les gens nous demandent souvent s’ils auront des devoirs ou des exercices. Consulter une professionnelle ne se résume pas qu’à un paquet d’exercices à faire, et si vous tenez à en avoir, une panoplie de « workbook » se trouve sur Amazon.

Dépendamment de votre situation, les devoirs peuvent « simplement » être de travailler sur la prise de conscience par rapport à un aspect précis, de donner une chance à une façon de faire ou d’essayer d’aborder une situation avec une autre vision comme discutée avec votre sexologue en séance. Les devoirs semblent parfois faciles et élémentaires, donc les gens ne les essaient pas, mais s’il existait une manière choc et tout-en-un de régler votre problème, vous l’aurez déjà trouvé et implanté par vous-même. Le but est donc de pratiquer des nouvelles façons de faire.

Notez le verbe « pratiquer » : il faut se pratiquer. Votre sexologue est là pour vous accompagner dans ce processus et souvenez-vous que des changements internes sont comme les changements physiques : effort et consistance sont nécessaires.

Faites confiance au processus et à votre sexologue

En surface, vous pourriez penser que consulter se résume à parler, mais des choses plus complexes entrent en jeu. Devenir sexologue, psychothérapeute ou psychologue nécessite une solide formation académique où savoir, savoir-faire et savoir-être sont inculqués. Le but de consulter n’est pas de vous dire quoi faire, mais de vous guider à voir par vous-même les pistes de solution. Puisque notre service n’est pas là pour vous rendre dépendant, il est important pour nous de vous autonomiser pour que vous soyez capable à l’avenir de naviguer des situations difficiles par vous-même.

Les changements font peur, et le processus de consulter une professionnelle peut être intimidant : après tout, il s’agit d’une sacrée foi aveugle (leap of faith) de se confier à une inconnue.

De plus, consulter, c’est le contraire d’aller chez un garagiste où vous payez pour que l’autre fasse le travail où les résultats sont garantis et les résultats sont instantanés.

Vous mettez les chances de votre côté si vous faites confiance au processus et à votre sexologue.

Donnez du feedback à votre sexologue

Nous voulons vous aider. Pour ce faire, nous avons besoin de votre feedback afin d’effectuer les ajustements nécessaires en cours de route.

Ne « ghostez » pas votre sexologue. Si quelque chose vous décourage ou vous ne donne pas le goût de revenir en séance, c’est exactement le genre de sujets qu’on veut aborder explicitement avec vous.

Faire confiance à l’expertise de votre sexologue est utile, mais donner une rétroaction l’est également.

Somme toute

Finalement, trois éléments sont à aborder sans gêne avec votre sexologue : l’investissement de temps nécessaire selon votre objectif, le budget que vous pouvez allouer au processus ainsi que le niveau de disponibilité émotionnelle que vous avez en ce moment.

  1. Avez-vous minimalement une heure par semaine à dédier pour ce processus?
  2. Quel est le budget que vous pouvez investir dans cette démarche? En sachant que nous oeuvrons dans le secteur privé, les gens qui vivent dans une situation précaire pourront bénéficier des tarifs modulés de certaines cliniques. Consultez la liste ici.
  3. Est-ce une période optimale pour vous d’entamer ce processus? Si vous travaillez à temps plein, étudiez à temps partiel, vous venez d’avoir un enfant et votre mère est malade, ça fait beaucoup de choses à gérer émotionnellement. Consulter est un travail émotionnel en soi, donc parfois, nous déterminons avec les clients qu’il vaut mieux commencer dans quelques semaines pour mettre les chances de votre côté que le travail que nous commencerons en séance ne soit pas contre-productif.

En espérant que ce texte vous soit utile!

Source :

American Psychological Association. (31 juillet 2020). Understanding psychotherapy and how it works. Récupéré de https://www.apa.org/topics/psychotherapy/understanding

Péloquin, K., Tremblay, N., & Corneau, M. (2018). Capsule infographique #6 : La détresse au sein du couple. La thérapie conjugale peut aider. Centre de recherche interdisciplinaire sur les problèmes conjugaux et les agressions sexuelles (CRIPCAS), Université de Montréal, Montréal, Qc.

Vilhauer, J. (Juillet/août 2021). How to Get More Out Of Therapy. Dans Psychology Today.