En règle générale, nous sommes enclins à interpréter une situation comme étant fun, sexy, plaisante, et sécuritaire quand le contexte contient :

• Haut niveau de confiance
• Haut niveau d’affection
• Bas niveau de stress
• Explicitement érotique

Plus spécifiquement, un contexte sex-positif est influencé par les aspects suivants :

• Bien-être mental et bien-être physique (caractéristiques reliées à soi): être confiant.e et en santé, autant émotionnellement que physiquement, sans stress ou douleur chronique et aiguë, avoir une bonne image corporelle, humeur/anxiété, distractibilité, inquiétude par rapport à la fonction sexuelle (exemple : ne pas penser sans cesse à son érection, ou à la lubrification du vagin), etc.

• Caractéristiques du partenaire (caractéristiques reliées à l’autre):  avoir un.e partenaire attirant.e qui nous respecte et qui nous accepte profondément comme pour qui nous sommes, son apparence physique, sa santé physique, sa senteur, son état mental, etc.

• Caractéristiques de la relation: avoir pleinement confiance envers l’autre (pas de crottes sur le cœur non adressées), sentir de l’affection, et se sentir désiré.e par l’autre, la dynamique de pouvoir, le niveau de connexion émotionnelle, etc.

• Environnement: être dans un environnement qui désactive les « turn off » et qui active les « turn on » – comme être en vacances ou à la maison avec la porte barrée-, des signaux explicitement érotiques comme de la littérature érotique, la porno ou entendre/voir d’autres personnes avoir une relation sexuelle, être en public/privé, voir l’autre faire quelque chose de positif comme une interaction avec la famille ou voir l’autre briller à son travail, faire du sexe à distance, etc.

• Autres facteurs de la vie: stress de la vie, stress de famille, stress du travail, stress d’argent, actualités et état sociopolitique du monde, et tous les autres facteurs nonsexuels qui influencent l’état d’esprit du cerveau (le plus gros organe sexuel), célébrations, anniversaires, autres occasions, etc.

• Facteurs ludiques: le mot « ludique » vient du mot latin signifiant « jouer ». Est-ce que vous vous sentez libre d’expérimenter, d’explorer et de jouer avec votre partenaire? Quelles activités sexuelles aimez-vous faire? Fantaisie autoguidée, fantaisie guidée par l’autre partenaire, faire du « dirty talk », des parties du corps qui ont été touchées ou non, sexe oral, etc.

Maintenant, parlons de stress

Je dis souvent à mes clients : « Je ne sais pas si j’ai étudié en sexologie ou si j’ai étudié en gestion de stress ».

Je vous résume les grandes lignes de mes observations concernant l’impact du stress sur la sexualité :

#1 Le cerveau est le plus gros organe sexuel.

#2 Les deux piliers majeurs de la sexualité sont : se sentir en vie, et se sentir en sécurité.

Par « sécurité », nous n’entendons pas seulement la sécurité physique mais également la sécurité affective (emotional safety), à défaut de trouver une meilleure traduction.

Par « se sentir en vie », dites-vous que le contraire, c’est une personne en burnout avec zéro vitalité de vie. Le contraire d’une personne qui se sent en vie est une personne dead inside. 

#3 La base de la sexualité est donc la relaxation : absence de stress et absence de menaces perçues par le cerveau.

#4 Si le cerveau est stressé et que votre système nerveux sympathique est activé, pourquoi voudrait-il envoyer du sang à votre pénis, ou pourquoi voudrait-il détendre les muscles de votre plancher pelvien?

#5 Pour une belle vie sexuelle, il faut donc gérer son stress (facile à dire, je sais!)

Le stress a un impact colossal sur la vie sexuelle des gens. Or, nous menons des vies effrénées, stressantes, et ce, de manière chronique. Comme dirait le médecin Gabor Maté, nous vivons dans une société qui nous rend malades physiquement et psychiquement. 

Être stressé est donc normalisé.

Pour certains, des choix de vie sont à revoir. Ce fut mon cas : à force de lire et de constater le lien irréfutable entre le stress et la sexualité, je me sentais hypocrite de ne pas appliquer les conseils que je suggérais à ma clientèle. J’ai donc diminué de 15 à 20% ma charge de travail pour me permettre d’avoir la disponibilité, le temps, l’espace mentale et émotionnelle nécessaires pour une vie amoureuse et sexuelle à la hauteur de ce que je préconise et souhaite à mes clients.

I got a taste of my own medicine, et ce sont des choix de vie difficile, car diminuer de 20% ma charge de travail implique une baisse de revenu. 

« C’est extrême » diront certains. 

Ce qui me semble extrême, c’est une femme qui travaille à temps plein dans un milieu demandant, qui fait une maitrise à temps partiel, qui s’occupe des tâches domestiques et de la cuisine, qui veut voir sa famille tous les dimanches et voir ses amies régulièrement, tout en s’entrainant chaque jour et en se bouclant les cheveux chaque matin…..et qui croit que son train de vie n’a pas d’impact sur sa disponibilité sexuelle et émotionnelle.

Ce qui me semble extrême, c’est un homme qui vient d’avoir un enfant, tout en travaillant fort comme comptable pour gravir les échelons, qui a un boss de merde qui lui met des bâtons dans les roues, qui a à peine assez d’énergie pour prendre une douche et qui est dans une relation où son chum lui rappelle sournoisement chaque 3 semaines qu’il n’est pas « à la hauteur »….et qui ne voit pas comment sa vie est une anti-thèse totale à une sexualité et romance digne de ce nom. 

Donc le stress a beau être normalisé dans notre société, le fait est que si vous voulez une belle sexualité, vous devez diminuer votre stress. À vous de déterminer ce qui est extrême pour vous, et ce qui est prioritaire dans votre vie. Concrètement, demandez-vous « est-ce que mon système nerveux est chroniquement activé? » 

Si la réponse est oui, la BASE d’une sexualité satisfaisante n’est pas encore posée.

D’autres exemples de contexte défavorable à la disponibilité sexuelle? 

• Être malade, être menstruée, ne pas se sentir propre
• Anticipation de la douleur, peur d’avoir mal ou de faire mal
• Se mettre la pression de « devoir le faire » parce que ça fait X semaines ou X mois depuis le dernier rapport sexuel
• Sentir la pression de faire l’amour parce que notre blonde veut vraiment tomber enceinte, elle ovule et nous le rappelle 3 fois par jour
• Avoir un partenaire qui ne fait rien à la maison, qui ne partage pas la charge mentale, qui est l’équivalent d’un « man-child »