Parlons sexologie
Sexualité. Société.
Santé mentale et physique

Je voulais écrire ce post depuis un moment mais vous savez comment la vie est occupée!
J’ai vu passer des posts concernant « l’éthique douteuse » d’un modèle d’affaires dans notre industrie, et plusieurs sexologues me contactent pour des questions, alors j’espère que cet article clarifiera le tout.
Une question qui revient souvent est : est-ce que je devrais rejoindre a group practice ou est-ce que je devrais partir ma propre pratique solo?
Je pense que la gestion d’un cabinet de consultation et le côté business doit être inconnu pour plusieurs alors je prends la peine de vous expliquer un autre point de vue et ça pourrait aider certains à comprendre et à juger si c’est vraiment une question d’éthique professionnelle ou si c’est votre méconnaissance par rapport au domaine.
Voici quelques configurations possibles, avec les pros and cons de chaque (grosso modo, j’ai pas fait une liste exhaustive)
Option 1 : Vous êtes salarié
Vos impôts sont déduits à la source, vous êtes couverts par les normes du travail, vous avez des vacances payées, etc. À Montréal, je vois beaucoup de cliniques anglophones en psychologie qui travaillent sous cette formule. C’est une job salariée, relation employeur-employé, comme on est habitué! J’ai très rarement vu ça en sexologie au Québec, je pense vaguement à un endroit à Montréal, une clinique multidisciplinaire à Rosemont je crois qui cherchait une sexologue à titre de salariée.
Les avantages? stabilité, sécurité, paix d’esprit, vous déléguez les tâches non-cliniques à quelqu’un d’autre. Vous êtes payés pour rentrer à la job, et vous pouvez vous concentrer sur peaufiner vos skills cliniques.
Les désavantages? vous avez un(e) boss, moins votre mot à dire sur votre horaire, le nombre de clients que vous voyez en une journée, et le type de clients que vous voyez.
Option 2 : Vous êtes a solo practitioner (solo private practice)
Les avantages? vous êtes responsable de tout : votre tarif, votre horaire, votre image de marque, la clientèle que vous voyez, votre cadre et vous touchez 100% des honoraires.
Il y a moins de drama potentiel : il y a moins de conflits, moins de désaccords simplement parce que vous n’avez pas de collègues, de boss ou de gestionnaire.
Les désavantages? cette formule nécessite des aptitudes entrepreneuriales comme en marketing (« comment vais-je rejoindre ma clientèle cible et bâtir ma réputation? »), droit (« wait, ai-je le droit de faire ça? »), comptabilité (« hein Kanica, c’est quoi la différence entre tenue de livres et tenue de dossiers? »), finances (« est-ce que ma business -même si c’est une business à une personne- va me permettre d’être stable dans le long terme, comment faire des prévisions financières, dans 3 ans, vais-je pouvoir m’acheter ma cabane dans le bois et me payer des mimosas les dimanches, et investir dans un REEE pour mes enfants? »), stratégie (« devrais-je investir une page Instagram, TikTok, Facebook, un blog, ou rien de ça? Quels moyens sont les plus judicieux pour mes buts, et justement, quels sont mes buts plus précisément? »).
Ces connaissances et aptitudes, soit vous allez apprendre par vous-même, donc vous allez payer en temps et en énergie (à checker plein de tutoriel sur Youtube et à faire des essais-erreurs), soit vous allez payer en argent pour des superviseurs, des coachs d’affaires, ou des professionnels (agence marketing, consultation juridique, comptable, etc.).
Pour être à votre compte et réussir, vous devez être extrêmement organisée, comme tous travailleurs autonomes. Il n’y a pas de structure déjà settée, pas de deadline imposé, il n’y a pas un autre humain qui vous met la pression, vous ne devez pas vous lever à une heure précise. Être travailleur autonome, en gros, ça veut dire que si vous n’êtes pas en action, pas d’argent rentre, aussi simple que ça.
Un autre désavantage est que les solo practitioners se disent habituellement plus isolés, donc vous devez être plus intentionnelles et chercher une communauté de soutien entre pairs.
Et finalement, cette formule fait en sorte que vous assumez plus de risques (« j’ai pris un bail commercial d’un an, et je suis pas certaine de remplir mon horaire »).
Ça fera presque 5 ans que j’ai fondé ce cabinet, et quand je regarde des sexologues plus « jeunes » que moi qui commence en pratique privée, je constate que la notion de risque n’est pas tout à fait comprise (car nous sommes tellement habituées à être salariées).
Option 3 : Vous rejoignez un cabinet déjà établi (a group practice) : c’est la formule du Sofa Sexologique.
Les avantages? Pas de marketing à faire, c’est géré par quelqu’un d’autre. Vous pouvez vous pointer un jour et déjà avoir un caseload de clients qui vont vous rencontrer. Pas besoin d’avoir des skills entrepreneurial : la structure de la business est déjà montée. Les group practices offrent souvent du soutien intégré, dans le sens que vous avez facilement accès à des collègues, donc de l’intervision, au lieu d’aller plus souvent en supervision à l’externe (et payer!). Et aussi, dans un group practice, il y a une personne-ressource qui pourra vous expliquer, exemple, la différence entre de l’intervision et de la supervision.
C’est moins de travail. Le travail clinique reste le même, soyons clairs. Mais lorsque vous êtes en pratique solo, vous devez faire le travail en clinique, mais vous êtes aussi la concierge, le plombier, la technicienne en comptabilité, etc. In a group practice, you need to show up, see your clients, do your notes, and you get to leave home.
Finalement, vous n’avez pas de overhead (dépenses) à payer : vous repartez avec votre argent sans avoir à couvrir le loyer ainsi que les dépenses fixes et variables que le cabinet nécessite.
Les désavantages? Le type de clients que vous voyez dépend de la clientèle cible du cabinet. Certains cabinets attirent Monique et Réjean, Québécois francophones, 55 ans à Terrebonne, tandis que d’autres cabinets attirent Asheema et Phiroum, 30 ans de Griffintown, dont l’un est unilingue anglophone.
Un autre désavantage : moins d’argent pour vous. Le/la/les propriétaire(s) du cabinet prend un pourcentage de vos tarifs. Au Québec, ça oscille entre 23% et 36%. Aux États-Unis, 40-50%. Cette personne (ou ces personnes) a travaillé en amont pour que vous ayez des clients dès votre première semaine, elle a investi et continue d’investir des ressources (argent, temps, énergie). Être sexologue à pourcentage, il faut le voir comme un échange de service : vous échangez votre % pour quelqu’un qui agira à titre de gestionnaire de clinique, de créateur de contenu, d’adjointe administratif, et j’en passe. Vous déléguez du travail, de la charge mentale et du risque.
Un peu comme les organisations de mariage : vous pouvez tout faire vous même, ou vous payer quelqu’un qui va dealer avec la photographe, les fleurs, la musique, la location de salle, la liste d’invités, etc.
Les gens pensent souvent que le pourcentage couvre le loyer du local physique, mais c’est faux. Un cabinet qui n’offre que des séances en ligne, par exemple, ils n’ont pas de bureaux, mais ils vont peut-être investir plus férocement dans les campagnes de marketing en ligne, et dans des systèmes de réservations en ligne et des cossins du genre. Ils ont investi dans un site web (pas un site web Wix ou SquareSpace à 200$ mettons). Ils ont investi leur SEO. Et les cabinets, physiques ou non, ont des avocats et des comptables à payer.
J’ai lu certaines personnes dire que rejoindre un cabinet à pourcentage, c’était « éthiquement douteux ».
Saviez-vous qu’au Québec, les médecins en clinique (pas en milieu hospitalier) paient 30% de leurs tarifs à la clinique? Les tatoueurs dans les shops paient 50%, les massothérapeutes en salon 40%, les avocats 30% et les dentistes 65% (oui, vous avez bien lu, quand vous payez votre dentiste, il/elle touche seulement 35% et le reste va à la clinique). Ceci ne s’applique pas aux propriétaires et aux salariés, mais bien pour ceux qui sont en mode « à pourcentage ».
Ce pourcentage sert à couvrir un paquet de dépenses que vous voyez (loyer, meubles, etc.) et que ne voyez pas (assurances, campagnes marketing, etc.), mais aussi à rémunérer du travail qui a été fait par d’autres personnes. La rémunération du travail invisible devrait être un concept familier puisque toutes les sexologues ont fait un an de stage gratuitement #RIP.
Souvent, du point de vue « sexologue à pourcentage », il est difficile de comprendre et de conceptualiser où va votre pourcentage donné. C’est normal. Et quand je parle à d’autres gestionnaires de clinique, constater l’incompréhension des sexologues à pourcentage face au travail invisible est déconcertant. Cette incompréhension mutuelle entre les sexologues-propriétaires et les sexologues à pourcentage is to be expected.
Les sexologues à pourcentage se disent « les proprio doivent rouler sur l’or » et les sexologues propriétaires se disent « Ah ! si seulement ils savaient ».
Débattable des deux côtés, bref, we can agree to disagree on this one!
De plus, une erreur facile à faire est d’associer son pourcentage à sa valeur. Ce n’est pas le même thinking que lorsqu’on est salarié. Le pourcentage n’est pas relié à votre valeur personnelle, il est lié aux charges que doit assumer le cabinet. Si je décide que Le Sofa Sexologique offre en séance un open bar de Perrier, San Pellegrino, des barres tendres et des kleenex en or, ainsi que des meubles designer en cuir italien, disons que le pourcentage sera ajusté!
Dernier mot sur les group practice : les gestionnaires de clinique n’ont pas besoin d’être des sexologues, membres d’un ordre. Ça pourrait être quelqu’un du HEC, ça pourrait être un groupe de personnes qui ont des expertises complémentaires (une personne en stratégie, une autre en communication/marketing, une comptable, un avocat, un programmeur, et une sexologue). Oui ça aide que ça soit quelqu’un qui sait exactement ce que la job veut dire, mais pas obligé. Au final, la clinique est-elle bien rodée, bien gérée? Êtes-vous capable d’accomplir vos tâches avec la structure fournie?
Comment choisir?
-Dans quelle phase de vie êtes-vous, et quel est votre genre de personnalité?
Venez-vous de sortir de l’université, pas de loyer à payer, pas de partenaire, tout le temps et l’énergie du monde, avec une haute tolérance aux risques en plus de vouloir créer quelque chose à votre image? Solo practice for you my dear!
Faites-vous un retour en sexologie après avoir pris une pause pour mettre au monde deux beaux bébés, avez-vous une hypothèque à payer, un besoin d’encadrement et de soutien entre pairs? Ou sinon, vous voulez faire votre travail pour ensuite rentrer chez vous apprendre l’allemand au lieu de bâtir une entreprise ? (Même si vous êtes travailleur autonome, vous êtes quand même une entreprise, c’est pourquoi Revenu Québec appelle ça….une entreprise individuelle!) Dans ce cas, rejoindre un groupe déjà établi pourrait être bien.
Vous serez peut-être une bonne candidate pour un group practice si vous êtes nouvellement dans l’ordre, si vous aimez avoir accès à des collègues pour du soutien, si vous n’aimez pas être responsable des décisions, si vous tolérez mal le risque, etc.
Vous serez peut-être une bonne candidate pour avoir une pratique solo si vous aimez avoir le contrôle sur tous les axes, vous êtes hautement créative et vous êtes facilement ennuyée, vous avez une niche et un nom déjà établi, ou vous préférez travailler de manière indépendante.
Lisez et comprenez bien le contrat avant de signer avec un cabinet. Prenez votre temps avant de signer et consulter quelqu’un dans votre entourage qui est avocat. Comment êtes-vous lié au cabinet, qu’est-ce qui est de votre responsabilité et de leur responsabilité, qui décide de vos tarifs (vous ou eux), qu’advient-il si vous voulez briser le contrat? Bien des contrats auront une clause appelée « non-compétition » (non-compete) qui dit que vous ne pouvez pas ouvrir une pratique dans un rayon de X kilomètres de leur pratique pour Y nombre de temps après la fin du contrat, ou alors une clause de non-sollicitation des clients et des collègues. Le raisonnement est le suivant : les clients vous sont parvenus via ce cabinet, donc vous ne pouvez pas activement solliciter ces clients (exemple, en leur envoyant un email pour leur donner vos nouvelles coordonnées), sinon les gens iraient juste travailler 3 mois dans des cabinets, bâtiraient leur caseload et partiraient ensuite, tout ça sur le dos du travail en amont des propriétaires. Les gens peuvent vous chercher sur internet et décider de continuer leur suivi avec vous, voilà la nuance, mais vous ne pouvez pas activement les amener avec vous. La clause de non-sollicitation des collègues dit en gros que vous ne pouvez pas solliciter des collègues du cabinet à partir avec vous. Mais tout ça varie de cabinet en cabinet. Lisez bien!
C’est un choix de vie, au final
Pierre-Yves McSween est un comptable qui a fait un segment radio de 6 minutes concernant la rémunération des psychologues au public (salarié) et les psychologues au privé. Je trouve ses points intéressants pour le sujet d’aujourd’hui même si nous ne sommes pas psychologues : les arguments sont totalement transférables.
Je vous fais un verbatim approximatif de son segment :
« C’est pas la même vie. Y’a un risque, y’a un rendement. Si tu es salarié, tu vas avoir des avantages sociaux, tu ne paieras pas des locaux, tu ne paieras pas tout le système de comptabilité que tu dois faire quand t’es au privé, tu ne paieras pas un risque d’affaires, tu ne paieras pas le fait que ton client ne se présente pas et il ne te paiera pas, tu n’as pas de risque de crédit, tu n’as pas la même vie.«
Du côté salarié, vous avez la stabilité d’emploi, la sécurité, des clients, mais vous le paierez en argent. Du côté travailleur autonome, vous avez la liberté, la flexibilité et l’autonomie, et vous le paierez avec votre temps, votre énergie, et peut-être même votre santé.
« Tu fais ton choix, comme dans plein de domaines, et tu embarques dans ton choix.
Quand tu es travailleur autonome, tu fais de la gestion de risque d’assurance. Tu ne choisis peut-être pas d’avoir une assurance-invalidité, une assurance-vie, etc. parce que ça coûte de l’argent tandis que quand tu es salarié, tu as des assurances qui te couvrent.
T’as pas la même vie, t’as pas les mêmes vacances.
Le qualitatif de la sécurité d’emploi, ça vaut combien?
Le fait de ne pas stresser avec ta gestion de clientèle, ta gestion de local, ta gestion de vie de professionnel, ça vaut combien?
Le fait de sortir de l’école, de connaître ton échelon salarial, d’arriver à la banque puis que la banque te prête parce que tu as un salaire garanti, ça vaut combien? »
Ensuite, puisque cette chronique s’adresse aux psychologues du réseau public et des psychologues au privé, le comptable dit : « Alors moi ce que je dis aux psychologues du public, regarde, allez-y au privé, partez-vous une clinique, louez-vous un local, puis vous verrez que ce n’est pas si cool que ça d’être entrepreneur pour tout le monde, faut être fait pour ça, de prendre du risque. Avoir un régime de retraite, ça vaut quelque chose, payer le RRQ d’un bord seulement, ça vaut quelque chose.
C’est pas les mêmes coûts, c’est pas la même réalité, c’est pas les mêmes risques, c’est pas la même vie.«
Dans notre contexte en sexologie, être dans un group practice est un peu un mélange des deux bords présentés par McSween : vous avez une certaine paix d’esprit mais vous avez aussi des responsabilités de travailleur autonome, exemple, gérer votre propre comptabilité personnelle.
Moi, ainsi que tous les autres gestionnaires de clinique à qui j’ai parlé, quand on entend des gens dire « hein c’est ben trop un gros pourcentage qu’ils me prennent », on répond tous :
« Faites-le! »
Je ne dis pas ça d’un ton baveux, ou provocateur. Nous sommes dans une époque complètement nouvelle dans l’histoire de la sexologie, jamais il n’y a eu autant de sexologues bachelières qui se lancent au privé. Il y a de la place pour tout le monde, alors pour ceux et celles qui ont la flamme et l’envie, je vous dis sincèrement : faites-le. Je vous souhaite prospérité et abondance, à vous ainsi qu’à vos clients pour qui vous allez être une personne importante dans leur vie.
Par contre, ne jugez pas de prime abord le travail que ça prend pour se bâtir un nom, une clientèle, un branding et tout le système derrière. C’est une réalité que vous ne connaissez pas. Les sexologues plus vieux qui ont bâti des cliniques qui roulent et qui ont accepté de me parler, ils m’ont fait comprendre que c’est pas juste moi :
we put our blood in this.
Aux gens qui pensent que 23-36% est un pourcentage « trop gros », je vous invite à parler à 5 entrepreneurs dans des industries différentes, et demandez-leur : après combien d’années ont-ils atteint le seuil de rentabilité (pas être dans le rouge), et quel est leur % de dépenses. #RealityCheck
Je suis l’un des cabinets les plus exigeants de la province, avec l’un des pourcentage prélevé les plus élevés…et je suis 1000% en paix avec ça.
Pourquoi? Parce que je sais ce que mon échange de service vaut. Je sais combien gagnent par année les professionnelles dans mon équipe, je sais qu’elles ont leur horaire de rêve, quand la relation de confiance est établie et a été prouvée avec le temps entre moi et elles, elles sont entièrement autonomes, et je sais comment cette configuration impacte leur qualité de vie.
Vous voulez travailler avec Le Sofa Sexologique?
Vous êtes rendus jusqu’ici dans l’article, vous avez la personnalité et une situation de vie où intégrer une équipe vous tente, vous pensez fitter avec Le Sofa Sexologique…
Je vais parler au féminin puisque 90% des sexologues sont des femmes.
Voici les éléments à savoir !
La première chose serait de lire la philosophie, disponible ici.
J’intègre uniquement des sexologues qui ont de l’expérience en pratique privée, que ce soit en solo par elle-même ou dans un autre cabinet ET qui sont solides, non seulement en tant qu’intervenante, mais en tant que thérapeute au privé. Prendre des sexologues qui n’ont jamais fait de la pratique privée m’a montré que le gap de skills est trop large et que je me retrouve avec l’équivalent de stagiaires qu’il faut former. Et je n’ai pas assez de ressources (temps, argent, énergie) pour former des sexologues juniors, surtout qu’elles ne rapportent pas assez d’argent pour justifier ce travail de ma part.
Les sexologues juniors ont tendance à ne voir que leurs habiletés d’intervention sans comprendre l’importance ou la manière de bâtir une alliance thérapeutique forte avec la clientèle, et ça se reflète dans leur rétention de clientèle. Or, je ne suis pas superviseure ni formatrice de « pratique privée 101 ». Quand vous êtes sexologues juniors, vous voyez un peu le tout comme une partie de tic-tac-toe sans voir qu’il s’agit d’une partie d’échecs, avec plusieurs layers et complexités. Et je n’ai aucun fun à vous expliquez ce qu’est un transfert ou l’impact de la posture professionnelle sur la création de l’alliance : vous devriez déjà le savoir.
Disons que vous êtes peintre et que moi je suis Ivanhoé Cambridge : j’ai assez de bâtiments pour vous donner de la job. Certes, ça peut vous prendre quelques semaines pour faire le onboarding dans la compagnie et pour vous installez, mais je ne suis pas supposée vous montrer comment faire votre job de peintre.
Mes dernières années d’expérience à avoir une équipe me mène aujourd’hui à la conclusion : je veux collaborer uniquement avec des professionnelles aussi bonnes que moi, ou meilleures que moi (en séance). L’échange de service inclut le recrutement de clientèle pour vous, pas la formation sur les bases de votre travail. De plus, travailler avec des sexologues qui ont déjà fait de la pratique privée avant fait en sorte qu’elles savent exactement où va leur pourcentage. Elles disent « ah j’ai essayé par moi-même, et maintenant je sais que je ne veux pas faire le travail que tu fais Kanica, donc je suis contente de te donner ce pourcentage » tandis que les sexologues qui n’ont jamais eu cette expérience sont resentful du pourcentage qu’elles versent au Sofa Sexologique.
Pour les personnes fraîchement graduées qui ont seulement de l’expérience durant le stage, je vous suggère fortement d’acquérir votre confiance et vos habiletés dans un emploi avant de switcher au privé. Être thérapeute est un cadeau et un honneur, et comme je place le bien-être des clients du Sofa Sexologique avant tout, je veux être assurée qu’ils sont entre de bonnes mains.
C’est pourquoi je n’ai aucun souci à être exigeante envers les professionnelles qui font partie de mon cabinet : les clients du Sofa Sexologique méritent la crème de la crème.
Pour l’instant, je prends uniquement des professionnelles qui peuvent faire des séances en présentiel (donc pas de sexologues juste en virtuel), et je priorise fortement les personnes bilingues.
Vous n’êtes pas mes employées. Vous êtes des travailleurs autonomes à l’intérieur d’un cabinet. On s’échange un service, comme expliqué plus tôt. Imaginez que je cherche un peintre pour faire tout l’intérieur et la face extérieure de ma maison, et que vous êtes justement, une peintre. Je vous explique mon besoin, les couleurs, le deadline que j’ai en tête, après c’est à vous de décider si vous voulez accomplir mon mandat. Autre analogie: j’ai un salon de coiffure bien achalandé, et je vous loue une chaise.
Le cadre que j’ai instauré est celui qui a été fignolé, adapté aux fils des ans, pour minimiser les frustrations, les pertes d’énergie, de temps et d’argent, pour vous et pour moi. Les systèmes et les procédures que Le Sofa Sexologique met en place, c’est au final, pour qu’on soit toutes libérées de tâches non essentielles. Notre plus-valeur, c’est en séance, devant les clients. Tout le reste doit être optimisé. Votre temps valuable ne consiste pas à gosser back-and-forth pour répondre à des emails répétitifs quand une façon de faire ou un système ferait la job instead. Quand je coupe quelque chose ou que je prends une décision, souvent, c’est parce que je juge que ce n’est pas efficace ou optimal. Les gestionnaires de clinique sont redevables envers la clinique afin qu’elle soit viable, pour au final, servir les clients de la manière la plus optimale.
Si un cabinet n’est pas rentable financièrement, les clients paient le prix en consultant des thérapeutes stressées financièrement ou précaires, et dans le pire des cas, si les sexologues à pourcentage ne rapportent pas assez au cabinet, ben le cabinet ferme, et elles « perdent leur job » (ce qui est inexact dit de même parce que vous êtes contractuelle, donc vous ne perdez pas votre job puisque en tant que travailleuse autonome, c’est à vous de chercher vos contrats et vos clients).
(update : je ne cherche plus de sexologues à intégrer l’équipe)
En tout cas, le texte commence à être long, j’ai encore beaucoup à apprendre comme gestionnaire, mais voilà mes pensées sur ce gros sujet!

Je prépare actuellement un épisode de podcast qui fait du pouce sur ce sujet, surveillez le podcast Le Sofa Sexologique!
Vous comprendrez que cet article parle vraiment du secteur privé et ne dit rien de mes opinions sur l’accessibilité des services de consultation. Toute cette discussion entourant l’argent vous rend inconfortable? Lisez ma philosophie (individuelle, culturelle) par rapport à l’argent ici.
Livres suggérés
Voici quelques ressources qui m’ont été utile in my journey, que ce soit pour mon savoir, mon savoir-faire ou mon savoir-être :
Si vous n’avez pas lu Come as you are de Emily Nagoski (disponible ici), ou Attached de Amir Levine (disponible ici), je ne sais pas ce que vous faites lol. Ils sont disponibles en français mais vous allez devoir chercher davantage.
Pour les suivis de couple, les livres de John Gottman sont excellents, notamment celui-ci (qui a été écrit y’a un bout mais dont les bases sont bons, il faut juste qu’on adapte au goût du jour rendu en séance), celui-ci aussi est bon surtout que les chapitres sont faciles à transformer en « devoir » pour les couples.
Il est utile d’en savoir un peu sur la science des traumas et sur la manière d’aider les gens à changer leurs habitudes de vie, donc le livre du psychiatre Bessel van der Kolk The Body Keeps The Score est très reconnu, en plus d’être disponible en français sous le titre de Le corps n’oublie rien. Pour les habitudes de vie, James Clear a écrit le meilleur livre, Atomic Habits ou en français Un rien pour tout changer (mais la version française est vraiment plus chère).
Pour les clients célibataires qui « date » le livre de Logan Ury How to not die alone est très bien fait, facile à expliquer, facile à lire pour les clients.
The Therapist’s Starter Guide : la couverture a l’air quétaine, mais le contenu est vraiment bon. C’est un bon GUIDE, et je m’y réfère encore aujourd’hui. Disponible ici.
The Gift of Therapy de Irvin Yalom : des courts chapitres donc lecture facile, qui m’ont ouvert les yeux quant à ma posture et à faire confiance à mon propre jugement professionnel. Disponible ici.
Profit First, un livre écrit par une comptable dont sa firme ne font que des therapy group practice comme Le Sofa Sexologique. C’est un livre un peu plus avancé qui m’a permis de mettre un peu d’ordre dans la manière que je voyais et gérais les finances de l’entreprise. C’est utile de pouvoir se comparer aux « barèmes » dans le livre. Disponible ici.
Quand vous serez rendu à avoir une équipe, le livre Leaders Eat Last de Simon Sinek m’a ouvert les yeux sur ce que je devais améliorer : la sélection du personnel. La minute que je n’ai pas envie de me donner 100% pour une de mes sexologues collaboratrices est le signe que j’ai fait une erreur de sélection, car mes critères n’étaient pas bien définies et assumées. Dès que je me sens désinvestie, c’est une alarme à analyser. Ce livre, jumelé avec mon expérience, m’a permis de comprendre quel genre d’équipe me stimulait. Quand vous rejoignez une équipe, il est dans votre intérêt d’être avec un cabinet qui veut autant pour vous que vous.
J’ai lu énormément d’autres ouvrages qui m’ont été utiles, mais ceux-ci me sont les plus marquants.
Dans tous les cas, j’espère que cette lecture vous a été éclairante, puisque personne ne nous enseigne ça à l’université!

Les schemas de Young
Lecture éducative pour alimenter vos réflexions. Quels sphères de vous aimeriez-vous améliorer?

Toutes les sources de conflit possible chez un couple
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